Une nouvelle version d'illustrations de la Princesse au Petit Pois

Cette histoire est connue, et de vagues souvenirs erraient dans ma mémoire.

Pourtant, relue une première fois avec attention, elle m'a semblé très machiste et dépassée : l'histoire du fantasme d'un prince qui veut absolument se marier, certainement poussé par sa mère (qui a l'air de porter royalement la culotte au sein de son propre couple) ; mais qui dit épousailles dit union seulement avec une princesse véritable, c'est-à-dire quelqu'un de parfait, sans défaut...

Cependant, une telle personne existe-t-elle seulement ? Et si oui, d'autres jeunes filles moins parfaites ne valent-elles pas également d'être aimée ? La reine, elle-même femme pourtant, tire les ficelles qui semblent induire son fils en erreur.

Quant à la princesse, elle n'a pas grand mot à dire : on la teste, on l'épouse, elle s'estime certainement bien lotie... que de clichés qui allaient à l'encontre de mes propres principes. Les images qui me venaient alors m'apparaissaient aigres et ironiques. Cela me donnait envie de tourner ce conte en dérision.

 

Mais en relisant, en fouillant, en repensant à tout cela, j'y ai plutôt vu une critique de ces caricatures : il fallait aller plus loin. Qu'aurait dû rechercher cette famille royale ? Non pas la perfection, mais la sensibilité, autrement dit la noblesse d'âme. Si les hommes de cette histoire ne semblent pas l'avoir compris et être très effacés, la reine paraît davantage avoir conscience de cette nécessité et veiller par là-même au bonheur de son fils.

Elle met alors en place son stratagème, bien qu'il paraisse tiré par les cheveux et un peu cruel pour sa future brue. Et pourtant cela fonctionne ! Le prince se rend alors compte – sans peut-être encore complètement le comprendre – de la noblesse de la princesse... mais il va avoir toute la vie pour le découvrir ! Car peut-on aimer sans estime et admiration pour une personne dont l'âme est vierge de toute mesquinerie ?

 

Ce conte m'a alors paru bien plus intéressant et accessible. On est passé d'une interprétation assez misogyne (et pourtant toute cette ruse est celle d'une future belle-mère!) à une vision plus moderne, qui interroge, qui laisse la place au débat et à la réflexion sur des thèmes tels que la valeur d'une personne, l'amour, le désir, l'authenticité, le mariage, la relation avec la famille ou la belle-famille, etc.

Ce que je voulais tout d'abord illustrer avec des images chargées et un peu amères s'est converti en des images plus oniriques, légères et optimistes. Enfantines en somme.

 

 

Le conte, plus loin que sa propre morale, m'a donné une autre leçon en ce qu'il a de moderne et d'immortel en tant que genre littéraire.

 

Car en lui transparaissent des questions de société – voire même des interrogations existentielles – qui traversent les siècles, à l'image de ce petit pois insignifiant qui n'a pas fini de nous trotter dans la tête.

Écrire commentaire

Commentaires: 0